Une femme blessée
- lesplumesdupasse
- il y a 20 heures
- 3 min de lecture
Un roman publié en 2014 qui nous plonge dans la vie de Fatimah, une femme vivant au Kurdistan irakien, confrontée à une réalité tragique. Après avoir été gravement brûlée, elle se retrouve à l'hôpital de Souleymanyeh, où son histoire se dévoile peu à peu.

Ce roman poignant aborde le thème des violences faites aux femmes, souvent déguisées en "accidents domestiques" ou en crimes d'honneur. Fatimah, comme tant d'autres, subit les conséquences d'un système patriarcal où l'honneur familial prime sur la vie et le bien-être des femmes. Son mariage, arrangé par ses parents alors qu'elle était encore très jeune, illustre la pression sociale et les attentes qui pèsent sur elle. Bien qu'elle ne soit pas maltraitée au sens physique, la brutalité émotionnelle de son mari et le poids de ses attentes la plongent dans une souffrance silencieuse.
Mon mari, tu sais, je ne l'aime pas, je ne l'ai jamais aimé. On m'a mariée avec lui. Ce sont mes parents qui ont arrangé le mariage, j'étais toute jeune, contente de leur obéir même si j'avais un peu peur. Je le connaissais à peine avant de l'épouser, je l'avais vu deux fois. Il me paraissait gentil, il était beau. Quand mes parents m'ont dit qu'ils avaient tout arrangé, j'ai dit d'accord.
Les passages où Fatimah évoque son viol et la réaction de sa mère sont particulièrement déchirants. La honte et le chagrin se mêlent à une quête désespérée d'amour et de compréhension. La tendresse que sa fille, Farah, lui témoigne, malgré l'horreur de leur situation, est un moment de lumière dans cette obscurité. Cela nous rappelle que, même dans les pires épreuves, l'amour et la compassion peuvent subsister.
Je ne peux pas vraiment me plaindre, il n'est pas méchant, il ne me bat pas. Mais j'ai mal quand il vient la nuit. Là, il est brutal, et se moque quand parfois je pleure. Il me dit que c'est le sort de toutes les femmes. Alors j'accepte.
Parce que j'allais raconter à mon mari, ton frère, que je portais dans mon ventre le fruit d'un viol. Un viol perpétré par Dilo. Et ta mère n'a pas supporté, oh, pas cet acte immonde, mais sa dénonciation.
Heureusement, le récit ne se limite pas à la douleur. Il met également en lumière les personnes qui, contre cette vision oppressive, s'engagent à aider ces femmes. Ce soutien est essentiel et offre une lueur d'espoir dans un monde souvent impitoyable.
Fatimah lève la tête.Ouvre les yeux. Regarde. Face à elle, un voile qui protège les cheveux et recouvre le cou encore porteur de pansements. Laissé nu, son visage. Ce qu'il en reste.
Farah s'était avancée, toute tremblante. Parvenue à la hauteur de sa mère, elle l'avait regardée, et ce que Fatimah avait lu sur les traits de sa fille l'avait émerveillée : ce n'était pas de l'horreur, mais du chagrin. Simplement du chagrin. Des larmes avaient coulé sur son visage et elle avait juste dit : Pauvre maman, comme tu as dû souffrir. Cette tendresse, c'est la première chose qu'elle reconnaît, enfin, en elle. Le feu n'a pas tout ravagé, il lui a laissé un peu de ce qu'elle était. C'est cela qu'elle doit montrer aux autres, cela que son petit doit voir et comprendre : l'amour qu'elle porte aux autres, et qu'on lui a si peu donné.
Une lecture essentielle qui nous pousse à réfléchir sur la condition des femmes dans certaines sociétés et sur la nécessité de changer les mentalités.
Comments