Visages noyés
- lesplumesdupasse
- il y a 2 jours
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Un roman autobiographique publié pour la première fois en 1963, qui aborde des thèmes profonds tels que la santé mentale, l’identité et la condition humaine.

Ce récit poignant nous plonge dans l’enfermement des hôpitaux psychiatriques, tout en mettant en lumière la peur ressentie par ceux que l’on considère comme « en bonne santé ». À travers les yeux de l’autrice, nous découvrons le quotidien des patients, marqué par des humiliations, des électrochocs et des privations de nourriture.
Je compris qu'il me faudrait redoubler d'attention : il faudrait mettre des gants pour ne pas laisser d'empreintes, chaque fois que je m'introduirais dans le bric-à-brac de mon âme pour y dérober en cachette l'exubérance, la dépression, la méfiance et la terreur.
L’autrice nous entraîne dans les méandres de l’esprit humain, explorant les luttes internes et la perception parfois déformée de la réalité. Elle aborde des thèmes tels que l’aliénation, la souffrance et la quête de soi. Écrit à la première personne, le récit nous permet de nous immerger totalement dans l’histoire d’Istina, le personnage principal, qui lutte pour trouver sa place dans un monde où la souffrance est omniprésente. Sa quête d’identité est à la fois touchante et bouleversante.
Quand un prisonnier est condamné à mort, on enlève, paraît-il, toutes les pendules qui se trouvent au voisinage de sa cellule. On croit sans doute que le fait d’enlever une pendule va interrompre l’écoulement du temps et isoler le prisonnier sur un rivage d’éternité où les instants, comme des vagues, s’élèvent et s’enflent sans toucher la côte. Mais la mort d’un océanographe n’a jamais arrêté le mouvement des mers. Et il n’existe pas de mer qui ne rencontre un jour la terre. Aussi dans la cellule du condamné à mort, le temps s’écoule comme si tous les carillons, tous les coucous, tous les réveils résonnaient ensemble à son oreille.
Ce qui rend l’œuvre d’autant plus marquante, c’est la manière dont l’autrice joue habilement entre le réel et l’imaginaire, nous interrogeant sur la frontière entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.
Me changerai-je en nuage ? Oui, je savais que ma famille m’accueillerait et que le monde m’ouvrirait ses bras, tel un de ces monstres de science-fiction au corps hérissé de pointes de fer qui serrent leurs victimes contre eux pour les tuer.
Cette exploration nous pousse à réfléchir sur la complexité de l’esprit humain. Il est d’autant plus poignant de savoir que l’autrice a vécu cette réalité, ayant été enfermée à tort pendant huit ans, période durant laquelle elle a subi des électrochocs et a failli être soumise à une lobotomie.
Quand il s’agissait de mon aventure personnelle, je prétendais que c’était vraiment par malchance que je m’étais retrouvée à l’asile, au milieu de femmes qui, elles, étaient de « vraies » malades. L’image que je donnais de moi comme d’un être sain d’esprit, pris malgré lui dans le tourniquet de la folie alors que rien ne justifiait sa présence dans les parages d’un hôpital psychiatrique, m’aidait à soigner mes blessures d’amour-propre et à calmer l’inquiétude très réelle et très vive de mes parents.
Un récit saisissant sur la santé mentale, qui invite à une réflexion sur notre perception de la souffrance et de l’identité. L’œuvre est d’une puissance inouïe, d’autant plus que l’autrice a vécu ces horreurs, ce qui rend son témoignage d’une authenticité bouleversante.
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