Claire de Duras ou la voix étouffée des opprimés : une autrice oubliée à redécouvrir

J’ai découvert l’autrice avec son roman Ourika, un récit poignant sur l’injustice raciale. Cette lecture m’a marquée et m’a poussée à aller plus loin, à explorer toute l’œuvre de cette autrice qui sont déjà dans ma PAL.

D'origine noble, Claire de Coëtnempren de Kersaint devient duchesse en 1797 et prend le nom de Claire de Duras. À travers son salon littéraire à Paris, elle favorise le dialogue entre toutes les opinions et fait partie d’un cercle influent, proche de Madame de Staël et Benjamin Constant.

En 1821, Ourika, ce récit inspiré d’un fait réel, raconte l’histoire d’une jeune fille noire élevée dans une famille bourgeoise à la fin du XVIIIe siècle. En abordant de front les questions raciales, Duras bouscule les attentes de son époque. Diffusé initialement en petit nombre en 1823, le roman connaît une publication officielle en 1824, suscitant un véritable engouement. En 1825 publie son deuxième roman avec Édouard.

Mais en 1826 Henri de la Touche s'est fait passer pour l'autrice en écrivant Olivier et revu vers 1823 par Claire de Duras Olivier ou le Secret ou elle évoque le sujet sous couvert de l'impuissance, l'homosexualité masculine.

Duras confirme son talent narratif en soulèvent des thèmes subversifs tels que l'impuissance masculine, homosexualité symbolique, identité trouble, des motifs rares pour l’époque. D'ailleurs ce roman aurait inspiré Stendhal pour son œuvre Armance.

Écœurée par cette appropriation, elle refuse alors toute publication de ses autres textes. Ses manuscrits resteront cachés jusqu’au XXᵉ siècle. L’autrice était en avance sur son temps. Elle a traité de sujets complexes et tabous pour son époque avec des personnages opprimés, marginalisés par leur race, leur genre ou leur condition sociale, des individus empêchés de connaître le bonheur.

Une femme en avance sur son temps, Claire de Duras a toujours traité de questions universelles tels que le racisme, genre, marginalisation sociale ou sexuelle. Longtemps confinée au rang de romancière de petits romans sentimentaux, elle est aujourd’hui reconnue comme une pionnière des idées modernes et du féminisme. Elle reprend les idéaux des Lumières et de la Révolution : égalité, liberté, tolérance.

Par son style d'écriture elle dénonce les préjugés sociaux et plaide pour une société plus juste et ouverte. Il faudra attendre 2007 pour que Olivier ou le secret soit publié dans sa version intégrale. Même aujourd’hui, son œuvre continue de résonner.