Portrait d’Eugénie Foa : une pionnière oubliée
- lesplumesdupasse
- il y a 4 jours
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J’ai découvert Eugénie Foa par hasard, en lisant son roman La Laide sur ma liseuse. Écrit au XIXᵉ siècle, ce récit m’a frappée par la modernité de son propos. Il raconte l’histoire d’une jeune femme rejetée par la société à cause de son apparence, car elle ne correspond pas aux critères de beauté imposés.
Ce thème reste tristement d’actualité, amplifié aujourd’hui par les réseaux sociaux où les femmes anonymes ou célèbres sont jugées, insultées, harcelées pour leur physique. Cet écho entre passé et présent m’a donné envie de m’intéresser à cette autrice oubliée.
Eugénie Foa, née Rebecca Eugénie Rodrigues-Henriques, est une femme de lettres française connue notamment pour ses livres destinés à la jeunesse. Elle fut la première femme de confession juive à embrasser une carrière d’écrivaine en France.
C’est après sa séparation d’avec son mari qu’elle commence à écrire, par nécessité économique. Elle publie sous différents noms, notamment celui de son époux ou encore des pseudonymes comme Miss Maria Fitz-Clarens et Edmond de Fontanes.
Ses premiers romans, influencés par l’esthétique romantique, mettent souvent en scène des héroïnes en quête d’indépendance. Elle connaît un succès notable avec Le Petit Robinson de Paris ou Le Triomphe de l’industrie en 1840, une robinsonnade à la française, traduite en anglais et régulièrement rééditée. Elle poursuit dans ce genre populaire avec Le Robinson des bois, Les Nouveaux Robinsons ou encore Les aventures de deux enfants qui cherchent leur mère.
Eugénie Foa écrit aussi de nombreux contes pour enfants, publiés dans diverses revues qu’elle contribue parfois à fonder, telles que Le Journal des Demoiselles, La Gazette de la jeunesse ou Le Journal des enfants. Certains de ses contes sont regroupés en recueils thématiques : Les Petits Savants, Les Petits Guerriers, Les Petits Musiciens, ou sous le titre générique de Contes Historiques.
Elle se spécialise notamment dans la mise en scène de l’enfance de grandes figures de l’histoire de France. Ses textes ont été réédités tout au long du XIXᵉ siècle, et même au début du XXᵉ.
En même temps que sa carrière littéraire, Eugénie Foa s’engage dans plusieurs combats de société. Elle milite pour l’abolition de l’esclavage, l’éducation des filles et une juste reconnaissance des femmes de lettres.
Elle participe en 1848, aux côtés d’Eugénie Niboyet, à la fondation de La Voix des Femmes, une revue féministe. Elle collabore également à d’autres publications comme La Chronique de Paris ou Le Siècle, et fait entendre sa voix dans ses œuvres de fiction, en mettant en scène des personnages marginalisés : femmes, esclaves, aveugles…
En 1838, elle fait partie des membres fondateurs de la Société des Gens de Lettres, seulement dix femmes en faisaient partie à l’époque. Elle est aussi membre de l’Académie des femmes, fondée en 1843, qui défend les droits des artistes, en particulier des écrivaines.
Eugénie Foa a pavé la voie à d’autres femmes, autant par son œuvre que par ses engagements. Et pourtant, son nom reste largement méconnu.
La connaissiez-vous ? Avez-vous déjà lu La Laide ou l’un de ses contes pour enfants ?
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