Le Miroir des âmes simples et anéanties
- lesplumesdupasse
- il y a 1 jour
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Un roman mystique du XIIIe siècle, publié vers 1295, explore avec profondeur la relation entre l’âme et Dieu. Œuvre majeure de la première littérature mystique en langue française, il place son autrice, Marguerite Porete, aux côtés de grandes figures spirituelles comme Maître Eckhart, Hadewijch d’Anvers ou saint Jean de la Croix.

À partir de l’idée centrale que « Dieu est Amour », Marguerite Porete interroge avec une audace remarquable les fondements mêmes de la foi : l’amour véritable est-il soumis à la morale, à la religion voire à Dieu lui-même ?
Amour : Cette âme porte la marque de Dieu, et sa véritable empreinte est maintenue par l’union d’amour ; et à la manière dont la cire prend la forme du sceau, cette âme prend la marque de ce modèle.
Amour : J’appelle cette âme suprêmement sage parmi mes élues ; mais qui est court de sens ne peut apprécier ni connaître une chose de grande valeur.
Raison : Oui, sire Amour, mais qu’appelez-vous sage ?
Amour : C’est d’être abîmé en humilité.
L'autrice aborde plusieurs grandes thématiques, notamment celle de l’âme, que l’on doit maintenir simple et détachée des biens matériels pour se rapprocher de Dieu. Il traite aussi de l’amour divin, une force qui nous unit à Dieu, et de la sagesse, comprise comme une forme d’intuition spirituelle menant à la vérité.
L’âme : En effet, pour beaucoup que Dieu nous aime, comme il l’a montré par ses œuvres divines et ses souffrances humaines, il ne nous aime pourtant pas malgré lui ; et s’il mourut pour nous, et pour nous prit chair humaine, ce fut de son plein gré, au témoignage de sa bonté ; et il me le devait, puisque sa divine volonté le voulait. Non, il ne nous aima pas malgré lui ! En effet, si tout ce que la Trinité avait créé en son savoir eût dû en être damné sans fin, Jésus-Christ, Fils de Dieu, n’aurait pourtant pas dérogé à la vérité pour tous nous sauver.
Le style est à la fois philosophique et poétique, ce qui a rendu ma lecture parfois difficile. Mais étant intéressé par la spiritualité, j’y ai trouvé plusieurs passages inspirants. Cela m’a amené à réfléchir sur la quête de sens, l’humilité, et la nature de la véritable connaissance intérieure.
Je commençais alors à sortir de l’enfance, et mon esprit commença à vieillir lorsque mon vouloir fut mort et que mes œuvres furent achevées, ainsi que mon amour qui me rendait frivole. En effet, l’envahissement de l’amour divin, qui se montra à moi par la lumière divine dans un éclair très élevé et éclatant, me montra tout d’un coup et lui-même et moi-même ; lui était très haut, et moi j’étais si bas que je ne pus ensuite m’en relever ni m’aider de moi-même ; et de là vint ce que j’ai de meilleur. Si vous ne comprenez pas cela, je ne puis faire mieux : cette œuvre est miracle dont on ne peut rien vous dire sans mentir.
Une lecture exigeante mais enrichissante, qui mérite d’être découverte par toute personne en quête de réflexion spirituelle. Un emprunt à la médiathèque que je ne regrette pas.
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