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Les marana

  • Photo du rédacteur: lesplumesdupasse
    lesplumesdupasse
  • 9 juin
  • 3 min de lecture

Une nouvelle publiée en 1834 qui nous plonge dans le destin tragique d'une prostituée italienne chassée de Venise par les tumultes de la Révolution française.

liseuse sur les marana de balzac

Réfugiée à Tarragone, elle confie sa fille Juana à un couple de drapiers, espérant lui offrir une vie meilleure tout en cachant ses origines...


Dès les premières lignes, le récit s'ouvre sur une scène de violence et de chaos, lors de la prise de Tarragone en 1811. L'auteur dépeint avec une intensité saisissante une ville en proie à la guerre : "Tarragone prise d’assaut, Tarragone en colère", où les cris et les flammes se mêlent à la douleur des habitants. Cette passage sombre met en place le ton tragique de la nouvelle.


Tarragone prise d’assaut, Tarragone en colère, faisant feu par toutes les croisées ; Tarragone violée, les cheveux épars, à demi nue, ses rues flamboyantes, inondées de soldats français tués ou tuant, valait bien un regard, le regard d’une Espagnole intrépide.

À travers le personnage de la Marana, l'auteur explore les mœurs des courtisanes et les espoirs déchus d'une mère qui rêve d'un avenir radieux pour sa fille. Cependant, il est évident que briser le cycle de la souffrance n'est pas une tâche aisée. Les émotions touchants capturée dans des passages, évoquant de la mélancolie et des dévouements souvent incompris.


D’ailleurs, qui pourrait aborder, sans porter un autre cœur en son cœur, ces touchantes et profondes élégies que certaines femmes emportent dans la tombe : mélancolies incomprises, même de ceux qui les excitent ; soupirs inexaucés, dévouements sans récompenses, terrestres du moins ; magnifiques silences méconnus ; vengeances dédaignées ; générosités perpétuelles et perdues ; plaisirs souhaités et trahis ; charités d’ange accomplies mystérieusement ; enfin toutes ses religions et son inextinguible amour ?

Juana, la fille, incarne cette lutte entre l'aspiration à une vie meilleure et les réalités cruelles qui l'entourent. Elle est dépeinte comme une femme à la fois forte et vulnérable, dont le parcours est jalonné de désillusions. Son rêve d'un mariage heureux se heurte à des obstacles, et son comportement envers son époux, Diard, m'a parfois agacer. Ce dernier, bien que touchant et avait un bel avenir sombre dans le désespoir, illustrant ainsi la tragédie de leur existence.


Beaucoup d'hommes jeunes, car à un certain âge, nous ne luttons plus, veulent triompher d'une destinée mauvaise dont les nuages grondent, de temps à autre, à l'horizon de leur vie; et au moment où ils roulent dans les abîmes du malheur, il faut leur savoir gré de ces combats ignorés.

L’écriture est fluide nous permettant de s'immerger rapidement dans cette histoire empreinte de tristesse. Le contraste entre les aspirations de Juana et la réalité de sa vie crée une tension poignante qui m'a captiver jusqu'à la fin, marquée par une disgrâce inéluctable.


Juana connut cette vie, et le sort ne lui fit grâce de rien. Elle fut toute la femme, mais la femme malheureuse et souffrante, la femme sans cesse offensée et pardonnant toujours, la femme pure comme un diamant sans tache ; elle qui, de ce diamant, avait la beauté, l’éclat ; et, dans cette beauté, dans cet éclat, une vengeance toute prête. Elle n’était certes pas fille à redouter le poignard ajouté à sa dot. Depuis la sublime constitution des sociétés, la jeune fille se trouve entre les horribles déchirements que lui causent et les calculs d'une vertu prudente et les malheurs d'une faute.

Une chouette nouvelle par sa profondeur émotionnelle et son exploration des thèmes de la souffrance et de l'espoir, nous rappelle la complexité et les sacrifices souvent invisibles qu'elles engendrent.

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